Que d’obstacles
En soi le judo est un art exigeant. En plus il faut rajouter la gestion du temps pendant une compétition. Chacun a bien-sûr sa méthode pour se préparer, se ressourcer, se reposer et se remettre en action. La grande coupure du midi est un moment crucial, surtout si on doit rebondir par les repêchages. Que d’obstacles pour aller chercher le
podium ! Pour monter sur la boite il faut aller au bout de soi. Au bout de la journée çà sera 10h de présence pour 5 combats maxi.
Armelle O’BRIEN
Le moment privilégié
Mais pour tous, le moment privilégié de récupération reste la séance avec le kinésithérapeute. Qu’ils me pardonnent mais je préfère le diminutif « kiné ». C’est pour moi un signe de respect qui symbolise la complicité qu’ils instaurent au fil du temps
avec les athlètes. Au judo aucun muscle n’est épargné et on arrive vite à la saturation lactique. On ressort souvent avec les muscles tétanisés et les articulations endolories en compétition de haut-niveau. Ne nous voilons pas la face, là on est loin de la
voie de la souplesse.
Hans Peter STRUBRETER
L’âme d’une équipe
Si vous êtes attentif vous verrez rapidement l’âme d’une équipe à la façon dont travaille le kiné. Ceux qui me touchent le plus sont ceux de l’équipe du Brésil et de la France.
Regardez ces photos, ne trouvez-vous pas que quelque chose se passe ? Ils sont
toujours disponibles, au plus prêt des athlètes, au ras du tatami. Si vous allez un jour aux Panams vous pourrez voir l’équipe américaine voir le kiné comme on prend un rendez-vous dans un cabinet. Chacun sa méthode c’est sûr. Mais à mon avis il manquera ce supplément d’âme à aller se faire masser en compétition sur une table de massage, coupé du tatami, par un kiné qui ne quitte jamais ses gants en caoutchouc.
Son massage est comme un message
Le judoka par nature a une sensibilité tactile exacerbée. Tout démarre par le kumikata. Pas étonnant qu’ensuite on se salue toujours par des grandes tapes et des embrassades. C’est en nous…et c’est tant mieux ! Alors le kiné a un grand rôle, car son massage est comme un message, qui de manière consciente et inconsciente apaise le judoka. Tous les athlètes qui sont à ce niveau ont dû se dépasser, ne pas écouter leur corps parfois pour s’endurcir et gérer la blessure. Le judoka aura toujours du mal à mettre parfois son corps en jachère. Surtout depuis l’instauration de la ranking-list et les championnats du monde annuels. L’athlète en paye le prix fort et aura de plus en plus de mal à faire 2 olympiades dans sa carrière. Alors le rôle du kiné va devenir central pour moi. Car :
Il n’y a pas de grande équipe sans un grand kiné !
Emmeric LE PERSON