Au cœur de l’équipe de Hongrie pendant les championnats du monde 2017 à…Budapest
Je monte dans la rame du métro, il est 7h30 du matin. On m’interpelle, on m’envoie des encouragements…mais je n’y comprend rien…normal c’est du hongrois !
Je répond d’un koszonom hésitant qui veut dire merci. Ils ont l’air finalement surpris, surement mon accent français qui détonne pour cette langue unique, fino-ougrienne, aux sonorités chantantes. Je comprend leur surprise, je porte la tenue officielle de la Hongrie. Je me rend aux championnats du Monde qui a lieu chez eux. Cette popularité ne cessera de se confirmer et de s’amplifier, dans ce qui restera un grand succès populaire
Hedvig KARAKAS et Katinka SZABO en UKE…sous l’oeil bienveillant de Jigoro KANO
Je rentre dans la PUSKAS ARENA, je savoure cet instant…5 ans que j’attendais çà : couvrir les coulisses d’un championnats du Monde de judo, du côté des athlètes, en salle d’échauffement et chambre d’appel. On ne va pas changer les textes pour moi, alors pour cette première mondiale, rien de mieux que d’être en immersion avec l’équipe du pays organisateur. Ça sera un reportage intimiste, avec seulement 2 catégories par jour. Mon accueil est chaleureux de la part des athlètes et du staff. Je me sens déjà faire partie intégrante de l’équipe.
Peter TONCS entraîneur national, sans lui rien n’aurait été possible.
Peter TONCS arrive un peu après, la première athlète de son équipe combat demain en -52 : Katinka SZABO. On se tombe dans les bras. Depuis 2 ans on cherchait un moyen de pouvoir travailler ensemble. Dès l’annonce de Budapest comme ville hôte, je lui ai transmis ma candidature pour la relayer au sein de sa fédération. Je pensais que c’était un peu une bouteille à la mer, tant l’enjeu me semblait grand pour l’obligation de résultats légitimes de leurs judokas performants. Il n’en a rien été. Le président Laslo TOTH ainsi que l’entraîneur en chef Andras NAGY, ont compris ma démarche : montrer au plus grand nombre comment elle est belle cette âme qui anime cette équipe hongroise. Je serai comblé au-delà de mes espérances.
La sérénité en chambre d’appel.
Je suis donc en stricte exclusivité pour la Hongrie.
Pourtant, spontanément, des athlètes et des entraîneurs d’autres nations, viennent me féliciter. Ils sont heureux de me voir enfin témoigner du judo à ce niveau. Le sentiment d’appartenir à cette grande famille n’a jamais été aussi fort. Je suis venu sur la pointe des pieds, sans tapage médiatique ou promotion sur les réseaux sociaux. La surprise a été totale pour l’extérieur, d’autant qu’ils ont compris de suite que seuls les hongroises et les hongrois avaient la faveur de mon objectif. Au final, les appréciations (les fameux like) ont été plus fortes à la fin de mon reportage, qu’au début, lorsque j’ai juste annoncé que j’y allais, la veille de la compétition.
Ce qui me frappe de suite c’est la sérénité des athlètes et de l’encadrement hongrois. Moi qui voulais personnellement remercier le président de la fédération, il ne sera jamais passé les voir en salle d’échauffement de toute la compétition ! Pourtant il aura fallu attendre le 4ième jour pour les voir se qualifier au bloc final. Alors quoi ? La réponse évidente du staff est empreinte de bon sens : éliminé quand on a tout donné, on n’a pas à rougir de sa défaite.
Laslo CSOKNYAI -81
Krisztian TOTH -90
Barna BOR +100
Le public l’aura tellement bien compris, que pour les 3 judokas qui ont perdu en place de 3 : Laslo CSOKNYAI -81, Krisztian TOTH -90, Barna BOR +100, ils ont reçu une standing ovation ! Oui ils ont tenus leur rang, sans jamais renoncer d’OSER !.
Hedvig et Lili la plus grande fan de l’équipe de son pays
A l’heure de la dictature des statistiques, qu’il est rassurant de savoir que ça n’est pas pareil pour tout le monde. L’essentiel est ailleurs : la popularité et le bien-être des judokas. Quelle leçon…
Le staff de la Hongrie : une certaine philosophie de la vie
J’aurai dû me douter que c’est ce que j’allais trouver en vivant avec les hongrois, qui je le rappelle quand même, ont des champions du monde juniors, des médaillés olympiques, mondiaux et européens seniors, dans leur rang !
Eva CSERNOVICZKI -48
Hedvig KARAKAS -57
Miklos UNGVARI -73
Krisztian TOTH -90
N’oublions-pas trop vite Eva CSERNOVICZKI -48, Hedvig KARAKAS -57, Miklos UNGVARI -73, Krisztian TOTH -90, et ces jeunes qui poussent fort ! Les signes, on devrait toujours tenir compte des signes. Cet été, plutôt que d’aller à Castelldefels, Peter TOTH a amené ses judokas au Japon. A priori risqué pour Hedvig, fragilisée au niveau de son genou. Bien leur a pris !
Shota YAGISAWA avec Miklos UNGVARI
D’une part leur témoignage sur les réseaux sociaux transpirait la joie de vivre : premier signe. Ensuite ils ont rencontré un préparateur physique japonais exceptionnel : Shota YAGISAWA. Il vient plutôt du base-ball, mais le plus important c’est la douceur de sa méthodologie, tout en progression, et peut-être le plus important, à l’écoute des athlètes. Hedvig a retrouvé l’usage de son genou sans douleur : deuxième signe. Devant ce constat, ils ont décidé de l’embaucher : troisième signe. Quel plaisir de voir Shota signer des autographes par les gamins hongrois en salle d’échauffement. Il est désormais totalement intégré.
Andras NAGY – the boss
Je ne peux finir mon article sans dire toute mon admiration devant la personnalité de l’entraîneur en chef de la Hongrie : Andras NAGY. Comme l’a dit dernièrement dans un fameux article le philosophe académicien Michel SERRES : la seule autorité possible est fondée sur la compétence. C’est la seule qui fait grandir l’autre.
La dernière photo de mon reportage, tout un symbole ! pour l’histoire Miklos UNGVARY est en-dessous.
Chère équipe de Hongrie, on est appelé à se revoir dans un futur proche. Un mot hongrois résume tout pour moi :
KOSZONOM !
Emmeric LE PERSON
Envie d’allez plus loin ? regardez en ligne mon dernier numéro commémoratif :
2 réponses sur « GO GO HUNGARY !!!!!! »
Hello mister Le Person, encore un très bel article, avec une devise » ne jamais renoncer d’oser ». Il n’y a que la fédération française qui te boude, la malheureuse, « nul n’est prophète en son pays ». Peu importe, ton pays c’est le monde !
Mon cher Jeff, je vais te faire une confidence. Quand j’arrive dans la salle d’échauffement d’une compétition internationale, une vision symbolise à elle seule notre discipline : le monde est résumé sur ce tapis…et c’est une grande famille.
Là je sais que définitivement je me sens D’ABORD citoyen du monde.
Bien à toi l’ami.
Emmeric